jeudi 24 avril 2008

Honorable maitresse,,, désolé !

Mon année sur les ailes du récit / texte 12 sur 53/ 25 avril 2008

Honorable maitresse,,, désolé !

Madame, honorable maitresse,
Je ne sais pourquoi je me trouvai confus dès que je vous vis ! Pourquoi avais-je été surpris de vous voir, vous en particulier, en cet endroit précisément ? Pourquoi avais-je gardé de vous, depuis plus de vingt ans, cette image qui vous assimilait aux ennemis des nouvelles méthodes de l'éducation, ceux là qui refusaient toute acquisition de nouveau savoir ? Et pourquoi cette image m'avait-elle empêché d'accepter votre simple apparition dans un espace culturel, comme un événement logique ?
Désolé honorable maitresse ! Mais si cette image persiste encore dans ma mémoire, ce serait parce que je n'avais pas encore, à l'époque, les moyens dont je dispose aujourd'hui pour l'en effacer définitivement, comme j'en avais effacé d'autres et en maitriser les causes comme j'avais maitrisé d'autres mauvais souvenirs.


Mais pourquoi m'étais-je trouvé ainsi confus ? Pourquoi, avais-je eu soudain le sentiment de n'être encore qu'un enfant de treize ans, alors que je m'approchais de la quarantaine ? Pourquoi, alors que j'avais déjà entamé ma vie professionnelle depuis belle lurette, métais-je vu encore élève en première année de l'enseignement secondaire ? Et pourquoi l'espace qui nous réunissait hier matin m'avait-il semblé être ta classe au lycée et non pas une salle de conférences ouverte au large public ?
Soudain, je souhaitai me diluer dans cette foule. Je m'étais rappelé comment vous m'aviez exclu de la salle de classe lors de trois séances successives, ce qui me conduisit au conseil de discipline. Et depuis, je ne vous avais plus revue jusqu'aujourd'hui. J'eus peur de vous, croyez-moi. J'avais craint que vous ne me fassiez renvoyer de la salle de conférences aussi, devant tous ces gens qui s'étaient réunis là bas sans rien savoir de mon histoire avec vous. J'eus peur alors que le lieu était public et que, cette fois-ci, vous n'aviez aucun droit de m'en exclure comme vous m'aviez exclu de votre classe :
- Sarraj l'idiot… au surveillant général… tu es exclu de cette séance…Et je veillerai à t'exclure du lycée… ton destin est de rester illettré toute ta vie… Je ne te conduirai pas enchainé au paradis du savoir… Sors immédiatement de ma classe !"
Désolé honorable maitresse, mais, brusquement, alors que je suis certain que vous ne m'aviez pas vu ni n'aviez prononcé le moindre mot, il m'apparut ainsi comme si j'entendais tes cris matraquer à nouveau ma petite cervelle, d'une distance dépassant vingt longues années. Et l'écho de raisonner dans la salle de conférences, comme si vous m'adressiez directement ces paroles me faisant, devant cette élite de spécialistes, de savants et de curieux du savoir, un scandale semblable à celui que vous m'aviez fait, jadis, devant mes camarades de classe. Mes nerfs faillirent m'échapper comme elles le firent jadis. Et je faillis vous répondre devant la foule avec l'insolence de cet enfant auquel vous n'aviez laissé d'autres moyens de défense que la révolte anarchique contre toutes les règles de bonne conduite.
Je vous tournai le dos pour éviter que vous ne me reconnaissiez et sortis en vitesse pour me fourrer dans les toilettes. J'avais laissé dans la salle quelques amis qui s'étaient regroupé autour de moi, me souhaitant la bienvenue après ma longue absence. Parmi eux, il y avait "Bouhamed", un camarade qui était aussi votre élève dans la même classe que moi et qui est actuellement directeur au ministère de l'éducation. Il se souvient encore de ces jours pénibles come si leurs événements s'étaient déroulés hier. Il m'apprit, quand je l'interrogeai sur vous à la fin du colloque, qu'il était encore en contact étroit avec vous. Ayant apprécié mon idée de vous écrire, il me donna votre adresse pour ce faire.

*****

Madame, honorable maitresse,
Quand je fus isolé dans les toilettes, je me trouvai face à face avec des souvenirs que j'avais cru dominer, voir effacer complètement de ma mémoire. Mais il paraitrait que certains souvenirs seraient impossibles à effacer, surtout ceux qui remontent à la période de l'adolescence. Et, à l'époque, j'en passais par les plus durs moments.
Je m'approchai de la fenêtre et l'ouvris pour exposer mon visage à l'air frais et pur et entamai des exercices de respiration complète que j'avais pris l'habitude d'exécuter depuis des années, les enrichissant à ma manière :
J'expulse doucement tout l'air que je contiens, pour vider dans l'ordre mon ventre, ma poitrine, le sommet de mes poumons, puis la région de la gorge et des oreilles et le fond du crâne. Je pousse l'expiration jusqu'à vider entièrement chacune de ces poches. Puis j'inspire aussi doucement et dans le même ordre, ne passant à une poche qu'une fois certain d'avoir rempli celle qui la précède. Et, quand je me sens entièrement rempli d'air, je commence à chasser les charges émotionnelles douloureuses, chargeant le mouvement de respiration complète ainsi enchainé, d'un mouvement de pensées éclairées que j'accueille en inspirant et d'autres sombres dont je me débarrasse en expirant.
Je commençais donc mon inspiration en écoutant ma voix intérieure me dire avec l'air qui me remplissait :
- L'air du pardon m'irrigue… l'air du pardon me remplit… Je suis plus grand que mon oppresseur… Je lui offre le pardon et oublie la douleur qu'il m'a causée…
Je me mis à répéter en boucle ces phrases jusqu'à sentir toutes mes poches pleines d'air pur. Puis je commençai à les vider de tout l'air pollué, tentant de maitriser totalement la crispation de ma voix intérieure qui, maintenant, s'adressait à vous :
- Oui ! c'est injustement que vous m'aviez exclu la première fois, madame. Il est vrai que j'étais habituellement turbulent et peu concentré sur vos leçons. Mais celui qui chahutait en classe, ce jours là, était un autre élève. Souvenez-vous, madame, de Sofiene Jayar ! C'était un élève grand de taille, fort de constitution. Tous les élèves en avaient peur. Mon exclusion ce jour là était une pure injustice. Comment n'aviez-vous pas compris que tous les camarades avaient apporté de faux témoignages et qu'ils ne s'étaient ligués contre moi que parce que j'étais maigre et paisible et que personne ne me craignait comme on craignait l'ire de Sofiène ?
Et ma voix intérieur de me revenir, lors de mon inspiration, chargée de tout le calme et de toute la sérénité de la sagesse :
- Mais voici l'air du pardon qui m'irrigue… l'air du pardon me remplit… Je suis plus grand que mon oppresseur… Je lui offre le pardon et oublie la douleur qu'il m'a causée…

*****

Et le dialogue de se poursuivre entre la voix de l'inspiration et celle de l'expiration. Je tentais de vous convaincre, dans mon imagination, que je ne vous avais jamais détestée et que je n'avais aucunement prémédité de perturber la bonne marche de votre leçon ou d'empêcher mes camarades de se concentrer et de comprendre. J'avais espéré de vous, plus que de tout autre professeur, juste un peu plus de compréhension envers un enfant légèrement différend des autres.
J'étais en fait tout le temps poussé à la rêverie par des interrogations inquiétantes. Et, quand bien même je voulais, à tout prix, me concentrer, les maths étaient une matière qui me fatiguait trop vite. Le canal de communication entre vous et moi s'en trouvait aussitôt rompu et le seul moyen que j'avais alors pour attirer votre attention sur mon malaise, était de bouger en classe inconsciemment et sans raison.
Vous souvenez-vous de ce jour où mon père vint vous rencontrer au lycée ? J'avais tendu l'oreille, ce jour là, à travers la fenêtre, et l'avais entendu vous expliquer que certains enfants montraient, par rapport à ceux de leur âge, une intelligence au dessus de la moyenne, mais se comportaient en classe, sans le vouloir, comme des enfants moins âgés.
Eh oui madame, mon père vous avait expliqué tout ce que le médecin lui avait dit sur mon cas. Vous étiez bien au courant, bien avant l'incident, que je faisais partie de ces enfants qui souffraient d'une difficulté d'apprentissage de certaines matières nommée "dyslexie". Et il m'avait semblé que vous aviez promis à mon père, pour m'amener à me concentrer, de faire preuve de plus de compréhension et de fournir des efforts supplémentaires pour supporter mes évasions et me faire participer davantage en classe en stimulant régulièrement mon intérêt.

*****

Inspiration… expiration… et nouvelle inspiration chargée de cette voix qui allégeait ma crispation et me rendait tout mon calme… elle me convainquait que l'air du pardon m'irriguait… me remplissait… me rendait plus grand que mon oppresseur… lui offrant le pardon et oubliant la douleur qu'il m'avait causée…
Une inspiration calmante… une expiration chargée d'un reproche à vous adressé... J'avais eu tellement mal quand vous aviez réussi à rallier mon père à votre camp, le convainquant que j'étais en train d'user de mon intelligence pour me jouer de vous deux en même temps et pour braver, à la fois, l'autorité de la famille, celle de l'école et celle des mathématiques dans les programmes scolaires.
Et mon père fut convaincu, lui qui était, par rapport à mon problème, le plus compréhensif de tous. Il me menaça du châtiment extrême si j'en venais à être exclu de votre cours en particulier.
J'étais de bonne fois - je le jure - mais j'en étais arrivé à n'être plus cru par personne. La peur de l'exclusion était devenue mon principal et unique souci. Et c'est elle qui me poussa à commettre des fautes : Une erreur en appelait une autre pour en entrainer une troisième. Et la séance de mathématiques arriva. Mes conditions avaient voulu que j'oublie complètement de faire les exercices dont vous nous aviez demandé la préparation à la maison.
Et comme, pour vous, oublier était synonyme de refuser, je n'avais plus d'autres moyens de me défendre que le mensonge. Alors je mentis, espérant que le mensonge me protégeât de votre punition ainsi que de celle de mon père. Mais mon mensonge était tellement naïf que vous l'aviez aisément mis à nu devant tous les élèves. Vous les aviez même incités à se moquer de moi et à me traiter d'idiot.
Et comme si le fait de reconnaitre que j'avais menti par peur de mon père n'était pas suffisant pour vous convaincre de ma bonne foi, comme si les moqueries des élèves n'étaient pas une punition suffisante pour mon oubli de faire mes devoirs de mathématiques, voici que je vous suppliai de me protéger de la punition de mon père pour ne récolter en retour qu'une nouvelle exclusion de votre classe me conduisant inéluctablement au degré extrême de punition que je redoutais de subir à la maison.

Depuis ce jour, toute limite m'était devenue insaisissable et j'entrai dans un cercle vicieux infernal : Une peur qui menait vers un mensonge, le mensonge vers une punition, la punition vers une perte totale de confiance en tous les adultes, ce qui menait à nouveau à la peur. Nul doute que j'avais tort, mais ma petite cervelle avait fini par vous considérer tous comme mes ennemis. Personne de vous ne croyait en ma bonne foi. Vous croyiez tous que j'utilisais mon intelligence pour faire du mal.
Si telles étaient vos convictions, pourquoi ne réagirais-je pas comme vous l'imaginiez ? Une question que vous n'auriez jamais du me pousser à poser. J'étais certain que vous alliez me renvoyer une troisième fois. Alors je m'y étais préparé… La troisième séance de mathématiques devait nécessairement arriver et ce qui devait inéluctablement se produire se produisit.
*****
Maintenant que plus de vingt ans se sont passés depuis cet incident, je ne vous le rappelle pas pour vous sous-estimer, ni pour blesser votre orgueil, encore moins pour célébrer le souvenir d'une victoire d'enfant adolescent sur son professeur. Je le rappelle plutôt en vous tendant une main cherchant à serrer la votre afin de vous demander compréhension et pardon. Je le rappelle en me dressant, même après tant d'années, en signe de respect pour ma maitresse. Je n'étais à l'époque qu'un enfant que l'adolescence avait conduit à remettre en question la toute puissance d'un professeur et pas du tout à porter atteinte à sa personne. Et je suis certain qu'en serrant ma main tendue vous serviriez votre bien en même temps que le mien.
- L'air du pardon m'irrigue… l'air du pardon me remplit… Et le pardon est parfois de demander pardon… Je suis plus grand que la persistance dans l'erreur… Je reconnais avoir été autant injuste que victime d'injustice… Alors j'offre pardon et demande pardon… ainsi oublierais-je aujourd'hui la douleur de ma culpabilité comme j'ai oublié hier celle de l'injustice subie…
Avec cette longue inspiration je me préparai aux dernières expirations qui étaient les plus dures de toutes. J'en usais pour chasser un sentiment de culpabilité à votre égard qui continuait à me tourmenter m'empêchant parfois de dormir de la nuit. Oui, madame, à qui ne voulait pas croire que je mentais de bonne foi, je voulus adresser un message dont la teneur était qu'un enfant comme moi pouvait bien être poussé à user de son intelligence exactement comme en userait un adulte, à savoir en ficelant un mensonge, rien que pour faire du mal.
Désolé, honorable maitresse, inutile de décrire les détails. Cette missive tomberait-elle entre les mains de quelqu'un d'autre, et elle ferait plutôt mal là où je voulais en faire du bien ! Il me resterait seulement de vous avouer que, le jour de ma troisième exclusion, j'étais injuste envers vous du début à la fin. Je vous avais entrainée dans un piège que j'avais minutieusement tendu, pour vous pousser à reconnaître des vérités que tout le monde ignorait de vous. Alors que tout votre prestige et toute votre notoriété étaient bâtis sur l'impossibilité qu'elles soient dévoilées. Ô que n'aurais-je pas dû les découvrir, ces vérités ! Je ne savais pas que le mal qui allait en découler allait me toucher autant que vous, sinon plus !
Au conseil de discipline, j'avais reconnu tous les détails de mon forfait, avant même qu'on me demande le moindre aveu. Je savais exactement ce qui m'attendait. J'étais convaincu de la justesse de la décision du conseil qui vota mon renvoi de tous les établissements d'enseignement public. Cette punition là, je savais que je la méritais bien.

*****

Je me sentis soulagé. Mes nerfs s'étaient calmés. Mais je ne rentrai des toilettes qu'une fois certain que tout mouvement s'était estompé. Je trouvai "Bouhamed" et les autres amis qui m'attendaient devant la salle des conférences, alors que tout le monde avait pris place et que le présentateur du colloque avait commencé à lire le programme de la séance. Nous entrâmes dans le noir.
Mes exercices de respiration avaient certainement fait plus que m'aider à retrouver mon calme. Ils m'avaient chargé d'une humeur positive. Je sentis que c'était le destin qui nous conduisit, vous et moi, au même endroit pour un objectif que j'ignorais. C'est que vous étiez la première personne sur laquelle mon regard tomba dès mon retour à la salle, et qu'en vous voyant dans la première rangée en train d'applaudir les conférenciers qui rejoignaient le podium, je repris totalement confiance en moi et m'assis là où vous ne pouviez que parfaitement me voir.
Je n'avais plus peur de vous, comme lorsque je vous avais vue au début. J'étais plutôt totalement serein. Et, quand tout était redevenu calme, je commençai à chercher explicitement à attirer votre attention. J'avais vraiment envie que vous me regardiez minutieusement jusqu'à me reconnaître comme je vous avais reconnue.
La conférence avait pour titre "Nous, enfants de la dyslexie". Je croyais que vous étiez la dernière à vous intéresser à son contenu qui allait franchement dans le sens contraire de vos anciennes convictions et qui semblait loin de votre spécialité en mathématiques. Elle exposait, en effet l'une des théories pédagogiques les plus récentes apportant un appui aux enseignants en vue de détecter le génie des enfants souffrant de difficultés d'apprentissage. Mais grande fut ma surprise en vous voyant porter autant d'intérêt à ces théories, n'arrêtant pas de prendre notes sur votre calepin et ne relevant vos yeux que pour les replonger rapidement dans vos notes.
Je ne pouvais pas me permettre d'être moins concentré sur la conférence que vous. Mais je ne cessais de guetter, en même temps, tous vos gestes, admirant votre pouvoir exceptionnel de concentration, et cette âme de bonne élève qui continuait à vous habiter alors que, toujours professeur, vous êtes à quelques pas de la retraite.
Mais alors, honorable maitresse, pourquoi n'avez-vous pas compris que, pendant toute la conférence, je vous souriais à vous en particulier ? Pourquoi n'avez-vous pas senti que j'attendais de vous, en particulier, de relever votre tête de votre calepin, juste une seconde pour échanger avec moi un seul sourire ? Votre concentration avait-elle fini par accaparer tout le champ de votre conscience pour en chasser tout ce qui n'avait pas de rapport avec le contenu de la conférence ?
Je serais hypocrite si je vous reprochais d'avoir aimé à ce point cette conférence, mais j'avais besoin de bénéficier, de votre part, d'une seule seconde d'évasion pour permettre à votre mémoire de ramasser ses bribes et de reconnaître votre ancien élève qui n'arrêtait pas d'attirer votre attention en braquant sur vous son regard.

*****

Désolé honorable maitresse, mais j'étais très déçu, à la fin de la conférence, de vous avoir vue prendre votre cartable et partir comme l'avaient fait les simples curieux. Pourquoi, après avoir applaudi avec autant d'enthousiasme, ne vous étiez-vous pas jointe à ceux qui étaient venus me féliciter pour le succès de ma communication et pour la pertinence des nouvelles théories pédagogiques auxquelles avaient abouti mes recherches ?
Je suis très content de ce succès, madame. Oui ! Mais je sens que quelque chose d'autre, de plus important, me manque encore : parvenir à vous informer que je n'ai plus aucune haine envers vous et que la véritable bataille n'est pas celle qui éclata entre vous et moi voici plus de vingt ans, mais bien celle qui devrais nous rassembler demain, contre toutes les entraves qui empêchent encore de donner aux fleurs du génie suffisamment de temps pour éclore.
Et c'est la raison pour laquelle j'ai décidé de vous écrire ce message, espérant vous rencontrer pour vous dire directement "Désolé maitresse", et pour vous tendre la main en m'excusant de toute la douleur que je vous avais causée. Je voudrais vous dire que j'avais tort, moi aussi, et vous entendre me dire un mot de pardon qui me guérirait de ce complexe de culpabilité qui continue à m'habiter.
Je voudrais aussi vous parler de ce hasard qui avait conduit mon père, juste après mon renvoi, à travailler à l'étranger et de cette assistante pédagogique que la chance avait mise sur mon chemin. Elle fut pour moi comme une seconde maman dans une école où tout favorisait l'excellence.
Après quelques années de patience, le déclic attendu se produisit et mon génie se déclara précisément en matière de… mathématiques ! Eh oui, honorable maitresse, moi, Skander Sarraj, renvoyé du lycée pour une sottise à laquelle j'ai été poussé par mon incapacité à suivre le rythme des leçons de mathématiques, j'ai terminé mes études secondaires par un retentissant succès au concours d'entrée à Maths Sup ! Et me voici aujourd'hui diplômé de l'école polytechnique à laquelle je suis devenu l'un des enseignants les plus éminents, sollicité pour donner des conférences dans les quatre coins du monde.
Et comme ce que j'avais vécu n'était pas banal du tout, il était de mon devoir de fournir davantage d'efforts pour me spécialiser aussi en psychologie, consacrant mes recherches en la matière aux enfants souffrant de difficultés d'apprentissage. Mes théories adoptées maintenant partout en occident, me voici de retour pour les exposer aux décideurs de mon pays.

Madame, honorable maitresse,
Je serais l'homme le plus heureux si vous acceptiez de mettre votre main dans la mienne pour travailler ensemble. Vous seriez mon soutien dans mes démarches pour convaincre le ministère d'adopter mon plan d'action afin de ne laisser dans notre pays aucun enseignant manquer de formation dans ce domaine et de ne perdre, dorénavant, aucun talent qui nous serait caché par des erreurs que l'adolescent serait poussé, malgré lui, à commettre.

Le Haikuteur – Tunis - cité des technologies de la communication - El Ghazala

1 commentaire:

Anonyme a dit…

ça me rappelle mes élèves au lycée ... mêmes sacs ; mêmes vêtements ; mêmes poses !!! Mondialsation de la jeunesse !

Bravo pour avoir réussi les photos en respectant le droit à l'image !