jeudi 18 septembre 2008

Le Virage

Mon année sur les ailes du récit (??/53)
La Boussole de Sidinna / texte 0a/23 - Fenêtre 1 - 19 septembre 2008

A celle qui a dit : "honte à toi, que je sois à toi et demeure encore la plus ancienne atteinte par ce mal. Nulle guérison aujourd'hui que pour les proches, et je n'ai d'accoudoir que toi. Tu es gros. Ta famille et tes amis sont tout de graisse et de muscles." J'ai juré n'être d'aucune force et elle a cessé de croire en moi. Je lui dis, alors, que Mohamed Lamjed Brikcha était encore plus ancien et elle dit "Mais qui c'est celui-là?". Il était donc nécessaire d'opérer un virage au sein du récit pour raconter :

La boussole de Sidinna

Fenêtre 1 : Le Virage



Au nom de Dieu, le clément, le miséricordieux. J'implore son soutien, pour faire face aux désirs de mon âme, afin que je puisse lui résister quand elle penche vers le mal, et, quand elle me dicte le bien, trouver la patience et l'endurance pour arriver à le faire, et la persévérance dans l'effort, pour arriver à le faire bien comme il se doit, autant que faire se peut.
Je sais que, dans un livre de ce genre, l'introduction est la dernière à être rédigée, bien après l'accomplissement du texte. Et pourtant, voici un livre dont je commence la rédaction par cette "fenêtre" qui lui tient lieu d'introduction, alors même que je n'en connais que ses grandes lignes. Encore que ces grandes lignes ont bien besoin d'ajustements et de modifications et réclament encore beaucoup d'enrichissements en événements secondaires, en personnages et en lieux, avant que j’en entame la rédaction proprement dite!
Tout ce que je sais maintenant, c'est qu'après avoir pensé, depuis le début de "mon année sur les ailes du récit", en termes de textes publiés indépendamment les uns des autres pour être, ensuite, rassemblés en un ou plusieurs recueils, suivant un classement respectant ou non les dates de leur parution, je m'engage, à partir de ce jour et jusqu'à la fin de mon défi, dans une voie où il faudra désormais penser en termes de livre intégral. Ce livre contiendra un nombre connu de textes, à paraître chaque semaine, comme de coutume. Et ces textes, dont certains peuvent se montrer totalement indépendants, alors que d'autres dépendront, pour leur accomplissement, de certains autres, situés juste à côté ou à une certaine distance, constitueront, en fin de compte, de simples parties dont le sens de l'ensemble ne peut s'accomplir qu'une fois atteint le nombre de textes déterminé à l'avance par le manifeste du Haikuteur.
Je sais aussi que le titre est en principe le dernier à être fixé et qu'il peut être rectifié ou même totalement remplacé, à la dernière seconde, avant l'impression de la couverture. Et pourtant, j'ai dès à présent donné à ce livre son titre définitif. Ce sera "La Boussole de Sidinna" ; une boussole qui pourrait m'aider à m'orienter pour ne laisser à mon imagination aucun moyen de s'égarer ou d'inventer, lors de la rédaction, des détails qui pourraient rendre ce Titre hors de propos ou me faire regretter de l'avoir annoncé avant terme.

Mais, si j'ai donné à cette première fenêtre pour titre "Le Virage", cela ne veut aucunement dire que ce récit a une quelconque prétention en dehors de ma propre expérience. Ce Virage n'a aucun sens hors de "mon année sur les ailes du récit". C'est que je viens, par l'ouverture de cette fenêtre, annoncer la fin d'une première étape de cette année et le début d'une seconde (et dernière), qui constituera un tournant et insufflera une nouvelle dynamique, par l'abandon des textes indépendants, courts ou peu longs, et l'adoption de textes interdépendants qui s'uniront pour verser dans un même cours et s'acheminer vers une même fin.
Ce qui distingue réellement ce livre, ce sont les conditions de sa réalisation, différentes de celles des textes qui l'ont précédé dans cette "année récit" et même de celles des textes narratifs du même genre d'une manière générale. C'est en effet un travail qui, en dépit de la rupture annoncée avec le produit de la première étape, s'inscrit dans le cadre du même projet, du même défi. Et, si je n'ai pas prévu, au départ, qu'il y aurait parmi les fruits de cette année, un texte qui soit composé de cette manière, ce ne sont pas moins les aléas de ce même défi qui l'ont engendré.
C'est que je me suis engagé, depuis la lecture de mon premier manifeste au club de la nouvelle "Abul Qassim Chebbi" à Tunis et au cercle des amis du Haikuteur à Monastir, à être attentif à mon environnement direct et à interagir avec lui autant que faire se peut. Aussi, certaines circonstances m'ont-elles permis de tenter le coup d'un "essai de narration critique" ; ce qui a donné "Am Idriss à Web Shakhsoon", un texte par lequel j'ai rendu hommage à Rachid Idriss, le narrateur. J'ai été amené à publier cet essai en trois parties, tout en le considérant comme un seul texte, et à publier, pour fêter son caractère singulier et inédit, un supplément du manifeste du Haikuteur, soulignant l'importance de ce texte et rectifiant les règles du jeu, afin d'admettre le principe de la publication en plusieurs épisodes.
Avant même de me délester tout à fait des charges que m'a imposées la sourde rumeur ayant suivi cette expérience, je me trouve mêlé à un incident anodin qui a éveillé en moi le sentiment de devoir évoquer le phénomène en question dans un texte narratif. Ma tête pleine d'idées contradictoires et de souvenirs qui se bousculent, je me sens habité par ce sujet comme s'il n'attendait pour s'imposer à moi que mon passage par ce lieu et cet incident inattendu auquel je me trouve mêlé. Et me voici portant un projet de texte trop ambitieux pour qu'une semaine suffise à en terminer la conception et la rédaction.
Je me trouve face à deux choix : abandonner ce projet à une autre occasion, qui ne viendrait probablement jamais, ou tenter, en pleine course-marathon, une nouvelle aventure, dans des conditions qui sont loin d'en garantir le succès. Me revient alors le souvenir de certaines questions qui m'ont été posées, après ma lecture du manifeste du Haïkuteur et avant que je n'entame la publication des premiers textes. Parmi ces questions, il y avait une qui avait été posée sous forme de proposition m'invitant à "contourner la difficulté de la tâche" en rédigeant des textes qui se suivent, s'articulant autour d'un personnage unique vivant, à chaque fois, des événements différents, ou bien autour d'un lieu unique où entrent, à chaque fois, des gens différents. Une sorte d'écriture à la manière des "Sitcoms".
C'est ainsi que j'ai commencé à préparer ce virage, en imaginant une nouvelle expérience narrative sérieuse, qui essaye de s'éloigner, autant que possible, des sentiers battus de ce genre et d'être à même de constituer un nouveau défi au sein du défi principal.
Aussi m'était-il indispensable de m'arrêter un moment, afin d'observer mon expérience de cette année et de reconnaître à la fin que, si j'ai annoncé dès le départ que la question de la classification de mes textes ne m'intéressait pas autant qu'elle intéressait les critiques et si j'ai refusé, par principe, que mon expérience soit figée dans le cadre du "récit court" ou que l'on se borne à contrôler, en lisant mes textes, le degré de ma stricte observance des règles techniques de ce genre littéraire en particulier, il n'est pas moins du droit des spécialistes de classer, à juste titre, la plupart de mes textes parus jusqu'ici dans le genre appelé "le récit court".


C'est pour cette raison que, si je veux que mon année soit "sur les ailes du récit" en général et pas que sur celle du seul "récit court", il est impératif que parmi les textes de cette année, il s'en trouve au moins un qui atteigne un volume l'éloignant définitivement du récit court et le rapprochant peu ou prou du roman. Laissant aux spécialistes le soin de déterminer le genre littéraire de ce texte attendu, je dois pour le moment me contenter de mesurer l'importance de ce virage, dont l'idée m'a été soufflée par cet incident passager, mais qui devient désormais un besoin vital pour mon expérience et un nouveau défi que je dois absolument relever avant la fin de mon année.
Mais il est indispensable, si je veux que mon expérience comporte un texte d'un tel volume, de rectifier les règles du jeu énoncées dans le manifeste du Haïkuteur, pour adopter le principe de publier un seul texte sur plusieurs épisodes, tout en considérant chaque épisode comme une unité de calcul équivalente à l'unité texte dans l'entendement du premier manifeste. Ainsi l'ouverture de cette première "Fenêtre", à l'adresse des lecteurs des deux blogs de l'Atelier du Haïkuteur comme à celle des lecteurs du livre, s'avère-t-elle nécessaire pour constituer une sorte de nouveau supplément du manifeste, les informant du virage et situant le texte attendu à sa juste place de "mon année sur les ailes du récit".
Le but de cette nouvelle expérience littéraire étant de mettre à nu, devant les lecteurs, l'action de créer, elle ne peut atteindre son objectif sans leur dévoiler le bouillonnement intellectuel qui soutient cette action et leur montrer les conditions dans lesquelles naît l'idée et se planifie sa mise en forme. Aussi une deuxième "Fenêtre" s'avère-t-elle nécessaire pour parler du texte lui-même et des péripéties de cette naissance en puissance, qui lui impose de voir le jour inaccompli, avec le devoir de s'accomplir à vue, dans la nudité la plus totale, en présence de ses lecteurs.
Et comme ces deux "Fenêtres" constituent, dans le cadre de cette expérience, à la fois un soutien indispensable au texte à rédiger et un appendice qui n'est en rien une partie du texte lui-même, la logique du calcul, puisqu'il faut calculer, impose de considérer la présente "Fenêtre" et celle qui la suivra et qui paraitra la semaine prochaine, comme deux textes hors compte.

Autrement dit, "Le Malaise de RaWdha", paru vendredi dernier 12 septembre, étant le trentième texte sur les cinquante trois prévus, ce vendredi et le suivant (26 septembre) étant consacrés à ces deux textes hors compte, la poursuite du comptage démarrera avec le premier épisode du nouveau texte qui portera, dans la série générale, le numéro 31 et qui se composera de 23 épisodes à paraitre du vendredi 3 octobre 2008 au vendredi 6 mars 2009. Mon année sur les ailes du récit prendra fin, avec l'aide de Dieu, le vendredi 13 mars 2009, avec la parution d'une déclaration finale, dans laquelle je tenterai de récapituler cette expérience dans son ensemble et d'évaluer ses deux étapes comme je les aurai vécues de l'intérieur pour en tirer les conséquences qui s'imposent.


Le Haïkuteur - Tunis

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