jeudi 27 novembre 2008

La Boussole de Sidinna / 9 Nouba de la pierre et de la fièvre

Mon année sur les ailes du récit (39/53) La Boussole de Sidinna (9/23) – 28 novembre 2008


Chemin second

Des silex sur les dunes


Orientation troisième 1

Nouba de la pierre et de la fièvre


" Le rapport de ceci avec le réel est pure imagination" – Le Haïkuteur


Où suis-je ?
Par où vais-je aller ?
Où est le Nord et où est le lever ?
Où est le Sud et où est le coucher ?


Les montagnes m'entourent de tout horizon. Le monde est sombre, ténèbres ! Comment vais-je réussir ma mission alors que tout le monde s'y oppose ? Comment réussir, alors que toute la nature agit contre moi ? Comment réussir, alors que même ma grand-mère Doraïa Jaïda me fuit ?
Attends-moi grand-mère bien-aimée ! Attends-moi, Bien-aimée ! Comment se fait-il, si tu es réellement vieille, que tu coures comme une fillette, et que je n'arrive pas à te rattraper ? Non, Bien-aimée… ceci ne peut être une course de vieille … Tu n'es pas vieille … Tu es une Houri du paradis et tu te montres à mois dans la peau d'une vieille dame, copie conforme de ta propre image quand tu étais âgée, peu avant de mourir. Ainsi donc, tu m'es envoyée à moi en particulier, afin que je puisse te reconnaître.
Attends-moi, donc … Où m'entraines-tu comme ça ? Réponds-moi, Bien-aimée :
Pourquoi me fuis-tu ainsi? Et que sais-tu de la mort, de la résurrection et du renouvellement de la vie? Tu pourrais, sans le savoir, être vraiment ma grand-mère, tu sais ! Crois-moi, ce serait ainsi que la résurrection se déroule : le créateur du monde prend ton âme et puis te renvoie à nouveau à la vie, mais sans le moindre souvenir de tes vies antérieures. J'ai dû lire quelque chose de ce genre, dans plusieurs livres. Viens, qu'on en discute un peu, puis abandonne-moi si tu veux ! Essaye juste de répondre à cette question : "est-ce toi, Bien-aimée, qui es revenue à la vie, ou bien est-ce moi qui ai déménagé auprès de toi ?" Si tu ne connais pas la réponse, cela voudra dire que c'est toi qui es revenue à la vie. Alors viens que je te souhaite un bon retour dans ce monde qui est le notre.
Arrête-toi, je t'en prie, Bien-aimée. J'ai une idée. Pourquoi ne chantons nous pas ensemble ? Il faut absolument que je t'aide à recouvrer la mémoire. Le chant est un bon moyen pour cela. Allez Bien-aimée, essaye de te rappeler la Hadhra Madania. Rappelle-toi ! Tu étais notre Cheikha, notre cheftaine. Je sais que tu as mis fin à ta carrière après une grande colère. J'ai encore le souvenir du jour où, en pleine Hadhra, Sidinna avait forcé le cercle du Dhikr, dans la Chicane de la maison des Baouab. Il voulait m'arracher à l'assemblée des femmes et m'interdire définitivement d'y remettre les pieds! Je vois encore la scène comme si je la vivais à l'instant même : moi, terrifié, gigotant à un mètre du sol et lui, me soulevant d'une seule poignée, en me tenant par le dos de mon pullover, comme on soulève un chaton par la peau de la nuque. Je me souviens encore des cris des femmes, des vrombissements des Bendirs et de toi tombant raide au milieu du cercle.
Sidinna était ivre mort, ce jour là. Ses vêtements puaient le sel et sa bouche le vin "Boukhobza". Ce fut la première fois de sa vie qu'il levait la voix en ta présence, Bien-aimée. Il était hors de lui, ce jour là. Tout le monde était étonné de le voir agir ainsi, les hommes dans l'impasse comme les femmes dans la chicane.
Sidinna m'expliquera, plusieurs années plus tard, que l'un de ses marins l'avait dénigré à cause de moi. A l'époque, j'avais déjà acquis, malgré mon tout jeune âge, une certaine réputation. Certains m'avaient donné le surnom de serviteur de la Hadhra. J'étais connu pour ma virtuosité au Bendir ainsi que pour mon application exemplaire dans l'interprétation des chants liturgiques. J'en arrivais à prendre inconsciemment part à la danse des femmes et je parvenais souvent à la transe. J'avais aussi un don de médium. Les "Hadharats" (femmes assistant à la Hadhra) m'utilisaient comme intermédiaire entre elles et Sawana. Elles lui posaient des questions, en me les chuchotant à l'oreille, alors que j'étais évanoui. Et ma bouche innocente se chargeait de leur transmettre les réponses de la Jinnya.


Nombreux étaient ceux qui me prenait, à l'époque, pour le fils de Sidinna. Et ce jour là, Bien-aimée, le marin lui avait dit que notre famille avait une progéniture de "possédés" et d' "efféminés". Cela l'avait mis hors de lui. Il avait alors bu, à en perdre conscience et s'était introduit chez les Baoueb insultant le bon Dieu, son prophète ainsi que tous les pieux et autres marabouts. Prie Dieu, Bien-aimée, pour qu'il lui pardonne et pardonne-lui toi-même. Il avait si peur pour moi ! J'étais orphelin de père et il mesurait la lourde responsabilité qui lui incombait dans mon éducation. Il craignait que si tu continuais à m'attirer vers la Hadhra féminine, tu ferais de moi, effectivement, un efféminé…
Ce soir là, Bien-aimée, tu étais rentrée triste à la Sénya de Sawana. Tu avais tellement honte de l'acte commis par ton fils que tu t'étais réfugiée, depuis, dans le silence le plus total. Toutes les "Hadharats" avaient compris que tu ne leur reviendrais plus jamais. Et, depuis, Dada Rqaya, la noire, avait pris les rênes de ta Hadhra et annoncé à la ville la fin à ta carrière. D'ailleurs tu n'avais survécu à cet incident que quelques mois. Ta mort n'avait pas laissé à Sidinna le temps de se réconcilier avec toi. C'était, pour lui, un coup des plus durs!
C'est vrai Bien-aimée que, ce jour là, Sidinna avait tort. Mais n'es-tu pas celle qui l'avait éduqué pour être l'Homme qu'il était ? N'es-tu pas celle qui lui avait appris à défendre son point de vue et à l'imposer par la force s'il le fallait ? Le fautif, c'était moi, Bien-aimée ! Oui, moi ! Sidinna t'avait bien demandé, quelques semaines avant l'incident, d'arrêter de m'emmener à la Hadhra. Ignorant ses ordres, tu avais cédé à mon insistance et m'avais pris avec toi. Ce jour là, il croyait devoir se comporter comme l'homme de la famille. Lui aussi, voulait me donner la même éducation que tu lui avais donné. Il voulait faire de moi un vrai homme, un dur à son image. Et il n'avait plus que ce choix là pour imposer son point de vue.
C'est vrai, Bien-aimée, qu'il n'avait pas à aller jusqu'à profaner le cercle de la Hadhra sous l'effet de son vin à quat' sous. Il avait vécu, après toi, rongé par le regret. Mais, que Dieu lui accorde sa miséricorde, il avait vécu Brave ! Il avait vécu en Homme, comme il n'y en a pas de pareil et était mort en Homme, comme il n'y en a pas de pareil. Alors pardonne-lui, Bien-aimée, et prie Dieu pour qu'il lui pardonne, lui aussi. Il avait, de toute façon, réussi à faire de moi, de cet orphelin que j'étais, un homme d'un certain savoir et d'une certaine culture, somme toute respectables, comme tu le vois. Alors pardonne-lui, Bien-aimée, et prie Dieu pour qu'il lui pardonne, lui aussi…
Sans lui, j'aurais été, sans doute, un homme ignorant, minable. C'est lui qui avait refusé de me voir devenir un simple journalier marin, sans importance. C'est lui qui avait assuré mon éducation et insisté pour que je poursuive mes études jusqu'au bout. C'est lui qui avait dépensé tout son argent pour me permettre de poursuivre des études universitaires… Alors pardonne-lui, Bien-aimée, et prie Dieu pour qu'il lui pardonne, lui aussi…
Il avait tout sacrifié pour moi, jusqu'à la dernière minute de sa vie. Il m'avait appris que la vie était dignité avant d'être pain, que le savoir était la première des conditions de la dignité souhaitée et qu'il valait mieux avoir le ventre creux et la tête pleine que la tête creuse et le ventre plein … Alors pardonne-lui, Bien-aimée, et prie Dieu pour qu'il lui pardonne, lui aussi…
C'est lui qui m'avait appris à m'élever au-dessus des futilités, même si ma vie en dépendait. Lui qui m'avait fait aimer le sacrifice pour faire triompher les hautes valeurs, serait-ce au prix de ma vie. De lui, j'ai appris l'attachement aux principes en dépit de l'injustice. De lui, j'ai hérité cette mixture de pudeur et d'orgueil… Alors pardonne-lui, Bien-aimée, et prie Dieu pour qu'il lui pardonne, lui aussi…
Crois-tu que ces convictions et ces positions qui sont les miennes ne me causent pas certains préjudices ? Imagines-tu que, lorsque je vois "le frère de l'ignorance" baigner dans l'opulence, justement grâce à son inculture, lorsque, autour de moi, je constate que tout le monde bafoue ces valeurs et piétine ces principes que j'ai appris à défendre, crois-tu, Bien-aimée, que je ne suis pas triste, moi aussi ? Au contraire ! J'en suis aussi triste que toi, voire plus… Alors pardonne-lui, Bien-aimée, et prie Dieu pour qu'il lui pardonne, lui aussi…
Nous devons simplement tenir bon, Bien-aimée, et nous armer de patience. Allez, viens. Mettons en commun ma tristesse nouvelle et ton chagrin ancien. Maintenant que mon enfance est derrière moi, et que tu as déjà franchi la passerelle vers l'autre monde puis en es revenue, il n'y a plus de mal à ce que nous retrouvions l'éclat de nos jours anciens et que nous chantions. L'essentiel maintenant, Bien-aimée, est que tu te souviennes de moi. Le chant serait un bon moyen pour que tu retrouves la mémoire. Alors viens, qu'on se souvienne ! Viens imaginer avec moi le vrombissement des Bendir :


Mon Bendir est doué(1)
Ya Allah … dis "ya Allah"
Un cadeau du ciel
Ya Allah … allez dis
Tout petit et possédé … Ya Allah …
Je ne suis pas intrus… Ya Allah …
Opposé, repens-toi !… Ne me fréquente plus!
Sur la trace des Seigneurs, je sers les Cheikhs du savoir
Ya Allah …


Allez dis "ya Allah"… chante avec moi le refrain, Bien-aimée… Chante Doraïa… Ecoute les montagnes qui chantent le refrain… "ya Allah"… Pourquoi me fuis-tu à nouveau ? Allez, arrête de courir sur la pierre et reviens chanter avec moi. Bien, viens au moins dialoguer une minute… "ya Allah"… Je te convaincs ou tu me convaincs … "ya Allah"… Attends-moi … "ya Allah"… Je ne suis pas habitué à la course sur la pierre des montagnes. Je suis totalement étranger ici. La montagne n'est pas semblable à la mer, Doraïa.
Tu te souviens de la plage des Swanis ? Là bas, au moins, il y a quelque sable où courir. Tu te souviens de Qarraïa ? Je me sauvais et toi tu courais après moi sur l'étendue de sable jusqu'à en perdre haleine. Et tu ne me rattrapais jamais… "ya Allah"… Viens courir avec moi sur le sable… "ya Allah"… Tu verras si tu pourrais me rattraper … "ya Allah"… Arrête de courir ainsi et attends-moi. Car si tu n'arrêtais pas je devrais te chercher. Et tu connais mon entêtement, Bien-aimée… Je te retrouverais quels que soient les obstacles. Ecoute :


Si Dieu le veut,
Ô Ben Mrad
Je monte sur un cheval…
Y'Allah…
Je viens à toi, de là où tu désires t'entêter
Ô, ya Ben Mrad…


Allez, reprends avec moi, Bien-aimée… "Si Dieu le veut"… Ecoute le recueillement des montagnes qui reprennent avec moi… Ne veux-tu pas chanter? … "Si Dieu le veut"… Pourquoi m'entraves-tu ainsi ? Je suis en mission urgente, Grand-mère… "Si Dieu le veut"… Je te prie de t'arrêter et de m'aider. Bien, réponds juste à mes questions. Je n'ai plus confiance en ces gens de la voiture de louage. C'est pourquoi je suis descendu. Si j'étais resté avec le conducteur, il m'aurait trahi. Dis-moi : Où sommes-nous, maintenant ? Sommes-nous arrivés au Nord ? Est-ce ici Tazoghrane ? Sinon, indique-moi le chemin… Comment y aller ? … "Si Dieu le veut"… Je voudrais réussir… "Si Dieu le veut"… Je voudrais emmener la boussole de Sidinna à ses propriétaires… "Si Dieu le veut"… Je te prie de m'attendre et de chanter avec moi :


"Si Dieu le veut"… "Si Dieu le veut"… "Si Dieu le veut"…
Je monte sur un quadrupède, aux jambes solides
"Y'Allah"…
Je viens à toi, de là où tu désires le conflit
"Y'Allah"…
Je t'envois dans un puits
"Y'Allah"…
Un puits sans fond… Et tu deviens cendres
"Y'Allah"…
Et là, tu ne feras plus de profits
Ô, ya Ben Mrad…


Allez, dis … "Si Dieu le veut"… Allez chante, Bien-aimée, chante. Mais où est la boussole? Attends que je la cherche dans mon sac à dos… J'ai peur qu'on ne me l'ait volée dans la voiture de louage… Ouf, Dieu soit loué, la voici ! Où est donc le Nord ? Par ici ? Non c'est l'inverse, cette boussole indique le sud. Je m'en étais assuré lorsque j'étais en voiture. Attends-moi, Bien-aimée. Cette boussole a quand même un avantage : son aiguille scintille dans le noir. Mais il se peut que, pour me tromper, le conducteur de la voiture de louage ait pris la direction du Sud? N'est-ce pas possible ? Réponds-moi, Bien-aimée : La voiture nous a-t-elle conduits au Nord ou au Sud ? Qui peut m'inspirer ma voie ? Appelle avec moi, Dorïa Jaïda :


Ô, mon Cheikh, le brun
Ya Allah…Allah…
Fils de Doraïa
Ya Allah…Allah…
Je t'appelle … sois présent
Ya Allah…Allah…
Guide-moi par la main
Ya Allah…Allah…


Attends, je t'en prie, Bien-aimée… "Ya Allah…Allah"… Je sens un étourdissement en regardant le versant de la montagne… "Ya Allah…Allah"… Je sens que je vais tomber, que je vais être déchiqueté sur les rochers de ce ravin … "Ya Allah…Allah"… Est-ce moi qui suis mort, Doraïa ? Dis-moi la vérité et ne crains pas pour moi l'effet du choc…
Mais que sont ces décors, vous qui êtes ici ? Ils ressemblent fort à ceux de la vie éphémère, ou plutôt à ceux d'une certaine littérature que j'ai connue dans l'éphémère … N'est-ce pas là la montagne d'Abou Houraira ? Je m'en souviens bien et j'ai peur… A moi Abou Al Mada'in (2)… Ne me laisse pas "presser mon cheval pour le lancer comme vent. Je tomberais alors inéluctablement dans le ravin, crois-moi… Je disparaitrais dans cette nuit. Et tu entendrais des rochers qui tomberaient et des hennissements de douleur … Mon cri te parviendrait remplissant l'oued… Tu en aurais la chair de poule, Abou Al Mada'in. Mais attention, ne crois pas que ce serait un cri de joie, comme t'avait semblé celui d'Abou Houraira… Car, ce n'est pas mon vœu d'être un repas dans le festin des diables"…
Et toi, Dorïa Jaïda, pourquoi me lâches-tu ? Et pourquoi suis-je réincarné en Abou Houraira, courant aussitôt à ma perte ? Est-ce en enfer que je ressuscite, Bien-aimée ? Tiens-moi bien Abou Al Mada'in! Ne me laisses pas me précipiter, comme l'a fait ton copain… Je suis encore jeune, moi. Je n'ai encore rien vécu dans ce monde … Tiens-moi bien Doraïa. Dis-moi que je suis seulement en train de rêver. Mais ce rêve n'est en rien semblable à mes anciennes visions. Le danger m'entoure de toute part… La boussole est en danger… Je dois absolument cacher la boussole de Sidinna dans un endroit sûr, avant de m'évanouir. Allez Doraïa, appelle avec moi :


Ô homme à l'œil rouge
Ya Baba Naceur …
Ô homme à l'œil rouge
C'est toi que j'appelle..
Mais toi, où tu es ?
Ya Baba Naceur …


Attends-moi Doraïa … "Ô homme à l'œil rouge"… Aucun endroit n'est plus sûr que mon pantalon pour cacher la boussole… "Ô homme à l'œil rouge"… Je l'enfouirai dans une cache où le Djinn bleu ne peut l'atteindre… "Ô homme à l'œil rouge"… Sidinna m'a appris à défendre mon pantalon jusqu'au dernier souffle de ma vie, ainsi je défendrai sa boussole en défendant mon pantalon… "Ô homme à l'œil rouge"… Sidinna me disait : "s'il t'arrivait ce qui est arrivé à ton cousin Ameur El Bintou, je te tuerais"… Il voulait que je n'ouvre mon pantalon à personne, jusqu'à la soirée de ma vie, lorsqu'arrive celle qui doit être ma destinée ! Et j'ai conservé ce pantalon inaccessible, Doraïa Bien-aimée, jusqu'à ce que Dieu m'ait fait cadeau d'Aïchoucha et que j'ai su que c'était elle ma destinée. Voici la boussole enfin cachée. Terminons maintenant la chanson:


Portant un burnous
Il entre à la Hadhra
Comme un marié
Les étendards levés
Visibles à deux milles
Ya Baba Naceur …



Prière soit sur l'envoyé de Dieu… A moi Doraïa Jaïdaaaa… le fond m'aspiiiiire…



Le Haikuteur …/… à suivre


(1) Touts les textes de chansons introduits ici sont une traduction personnelle de chants du patrimoine soufi, tels que je les ai personnellement gardés en mémoire, sans recherche ni vérification. J'en avais beaucoup appris auprès des Cheikhs Abd-Essalam Hlila, Dieu ait son âmes dans sa miséricorde et Amara Bchir.
(2) Abou Al Mada'in est l'ami du personnage principal de "Haddatha Abou Hourairata Qal" de Mahmoud Messaadi. Le reste de ce paragraphe est une adaptation, avec légère modification, d'un fragment du dernier tableau de ce texte.

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